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Vous reprendrez bien du café ?

Aujourd’hui, j’ai compris que j’étais riche. En fait, je n’ai pas un rond. Je n’ai pas de travail, donc, je n’ai pas de salaire.


Ce jour, je l’ai passé sur mon canapé. Le canapé de ma tristesse, de mes égoïsmes et de mon nombrilisme. Et celui-là, parfois, il en prend de la place sur mon canapé !


Oui, aujourd’hui, je n’ai rien fait. J’ai attendu que le temps passe. Mon âme était totalement plongée dans le marc du café que le malin me faisait boire depuis le matin.


Il porte bien son nom cet esprit fourbe. Malin...J’ai bu sa tasse qui ne désemplit jamais toute la journée. Et je pouvais, comme dans Harry Potter, lire dans le marc de ce café. Et ce marc, ce sont toutes les pensées négatives qui s’infiltrent insidieusement dans l’esprit humain. Nous sommes un bon filtre pour le café du malin et un bien mauvais pour notre âme !


Dans mon marc de café, il y avait donc écrit : « Tu es nulle – tu n’y arriveras pas, alors à quoi bon dépenser tant d’énergie pour courir à l’échec ? – Tu es seule – Tu n’as pas les moyens de faire ceci ou cela, alors, ne commence rien », etc.


Mes obligations familiales m’ont sortie de ma transe négativo-inutile. Je suis allée chercher ma petite dernière à l’école le cœur lourd et déprimé.


À mon retour, j’ai accompli les formalités du devoir maternel : veiller à ce que mon aînée fasse bien ses devoirs, lancer les douches, la préparation du repas, tout en cousant les rubans des pointes de ma fille ainée.


Et puis, j’ai jeté dans l’air une petite phrase anodine : « Tiens, dimanche prochain, c’est l’anniversaire de Gisèle. Je me demande bien ce que je vais pouvoir lui faire comme cousette ».


Et c’est là que tout a commencé.


« Je vais lui faire un dessin ! » me lance Sara tout en allant chercher une feuille et des feutres.

« Moi aussi, je vais lui faire un dessin ! Comment ça s’écrit " Gisèle " ? » me demande Rachel.

Et voilà comment le bon Dieu commence à dissoudre le marc de café du malin. Il ajoute tout d’abord, un nuage de lait bien crémeux.


Touchée par la réaction de mes filles, je m’intéresse de plus près à leurs œuvres. Sur son dessin, Rachel a écrit : « Pour Gisèle, l’amie de maman, bon anniversaire ». Sara a tenu, elle aussi, à écrire « bon anniversaire ». Il est écrit tellement gros que le seul mot « anniversaire » tient sur deux lignes. J’observe mes enfants s’appliquer dans la réalisation de leurs dessins. Je suis impressionnée et émue par mes filles.


Gisèle, c’est une amie. Une personne âgée qui chantait dans une chorale que je dirigeai. Nous sommes restées en contact. Je lui écris, elle m’appelle, on se rencontre de temps en temps. Elle est très gentille et m’apporte beaucoup.


Vient le moment du coucher. Lorsque j’arrive dans sa chambre, Sara me demande avec un sourire enjôleur : « une histoire ou la prière ? » … le bon Dieu vient d’ajouter un sucre dans mon café et ce n’est pas de l’aspartam !


J’explique à Sara que l’on peut prier ET que je lui lirai une histoire ensuite. Sara insiste pour que sa sœur nous rejoigne pour prier. Et nous voilà toutes les trois réunies devant mon petit oratoire. Nous allumons les bougies et éteignons la lumière. Je lance le refrain d’un chant de louange, puis, chacune à notre tour, nous laissons parler notre cœur. Sara se penche vers moi et me dit : « On peut chanter le chant de Marie ? »


J’en ai chanté des « Je vous salue Marie », à quatre voix ou moins, bien en mesure. Mais celui-là, cet Ave Maria chanté en cœur avec mes filles, c’est le plus beau que j’ai chanté, parce qu’il m’a mis le cœur en joie comme jamais il ne l’a été. Et voilà, le bon Dieu a ajouté la chantilly sur le café !

Nous avions toutes les trois le cœur débordant de joie. Alors, nous avons chanté un autre refrain pour rendre grâce et gloire au Seigneur.

J’ai lu son histoire à Sara, j’ai passé quelques instants avec Rachel puis je suis retournée dans ma chambre.


Voilà, voilà comment le bon Dieu donne de la douceur au café le plus amer qui nous est si souvent insidieusement offert à boire.


Je n’ai pas d’emploi, je ne gagne pas d’argent. Mais en fait, je n’ai besoin de rien. Quand on est maman, on est souvent fatiguée, déprimée. On souffre d’un manque de reconnaissance à la fois dans la société et dans sa propre famille. Même quand elle est croyante, cela peut être crucifiant pour une femme d’avoir sans cesse à renoncer à elle, à faire passer ses enfants d’abord.


Je suis pauvre parce que je suis petite en tout. Et ce n’est pas péjoratif, loin s’en faut. Accepter ses limites, ses pauvretés, sa petitesse, vivre chaque petite chose en y mettant le plus d’amour et de patience possible, c’est déjà être en route vers la sainteté. C’est très difficile.


Je ne suis pas un soldat qui part au front, je ne suis pas un médecin qui part en mission humanitaire dans un pays pauvre, je ne suis pas ingénieur…Je suis juste une maman. Une maman, une femme, une amie, sans diplômes ou presque. Une maman sans statut juridique. Juste…une maman qui fait de son mieux pour que ses enfants deviennent des adultes debout, des adultes plein de Dieu et heureux dans leur vocation, capables d’affronter la vie avec toutes ses joies et ses âpretés.


Ce n’est pas mal que de vouloir rester petite aux yeux du monde. Peu importe le regard que le monde porte sur moi en fin de compte. Bien sûr, ça me fera toujours souffrir, mais j’ai la foi. Et le bon Dieu qui est un fin gourmet saura toujours adoucir l’amertume de mes jours avec son café !


Parents, soyez heureux car vous avez auprès de vous la plus grande richesse du monde : vos enfants. Ce sont eux qui vous évangéliseront au final. Et c’est peut-être par eux que le Seigneur viendra vous toucher, vous consoler, vous transformer.


C’est quand même bien d’être invité à la table du festin ! Le pain donne vie, l’eau est changée en vin, la vigne produit son fruit, et la tasse de café amer se change en café liégeois !

Mesdames, venez sans crainte (et sans complexes !) :

c’est du 100% de matières grâces !


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